mardi 26 décembre 2017

Open Space, le Nirvana des temps modernes !

Allez, aujourd'hui je vous raconte mes premiers pas en Open Space.

Pardon, je commence déjà à être vulgaire : on ne dit pas « Open Space » mais « Espace de Travail Partagé »… Mon petit ETP…. Mon immense ETP…



Je suis arrivée un beau matin d'Août, dans ce grand espace tout vide.

Dans l’ascenseur qui me hisse au sommet de mon gratte-ciel, je lance un timide bonjour. Vague borborygme en écho.

Petit regard hyper décontracté (stressée, moi ?) dans le miroir : tenue Ok, coiffure OK, maquillage OK. Chaussures ? Oui chaussures : j’ai conjuré le sort en mettant la paire qui m’a lâchée en plein entretien d’embauche, ce qui m’avait valu de me contorsionner pendant 1h30, en espérant que mon futur patron ne me confonde pas avec Bridget Jones.


Peine perdue, j’avais bien remarqué son regard condescendant glisser sur mon pied clopinant.

Premier jour :
8h30 : Me voici donc seule au monde, dans ce champ de bureaux à perte de vue.
Aux aurores, je le comprendrai plus tard en voyant mes collègues arriver entre 9h30 et 10h, la mine réjouie et les yeux englués de sommeil.
J’admire la magnifique vue de ma fenêtre qui donne directement sur un cimetière 30 étages plus bas.



Je m’approprie un petit espace rien qu’à moi, débarrassant la place qui m’est attribuée des vestiges de mon prédécesseur (où est la poubelle ?)
Stylos neufs, cahier sentant bon le papier frais, une vraie rentrée des classes.
Je tente de m’atteler à ma tâche dont les contours sont encore un peu flous…. Je n’ai pas d’existence informatique pour le moment. Je vais donc lire la multiple documentation afférente à mes nouvelles fonctions. Voyons… code juridique, instructions, glossaires…. De vrais romans d’été !
Cela demande tout de même un peu de concentration… c’est là qu’intervient Monsieur Grande Gueule.


Monsieur Grande Gueule est chef. Ca on le comprend immédiatement. Il a un bureau, lui, mais ne le fréquente qu’occasionnellement. Il préfère arpenter les bureaux de l’Ope… non, de l’espace partagé, pour raconter sa vie à qui veut l’entendre.
Monsieur Grande Gueule a un niveau sonore qui lui permet de prétendre participer à l’audition de la chorale du service. Mais où est la porte de mon bureau pour que je puisse me concentrer sur mes passionnantes lectures ? Ah c’est vrai, je n’en ai pas !


Deuxième jour :
J’arrive à 8h45… toujours personne…
Dans l’ascenseur, j’ai réveillé mon voisin en lui disant bonjour.
L’écran de mon ordinateur reste noir, toujours pas de code d’accès. Je me replonge dans mon polar juridique : je me demande qui est le coupable : l’avocat ? Le comptable ?
10h : Monsieur Grande Gueule arrive et je suis ravie d’apprendre qu’il a passé une excellente soirée.
J’envoie des signaux de détresse à mes amis sur les réseaux sociaux, l’un d’eux me suggère l’achat d’une agrafeuse en fonte à grande portée…afin de lui jeter à la figure. Je note soigneusement l’idée.



11h45 pétante, c’est l’heure du déjeuner… parce qu’après il y a trop de monde à la cantine. A cette heure-ci j’ai à peine fini de digérer le petit dej, je me demande comment font ceux qui sont arrivés il y à peine plus d’une heure !





15h je viens d’attaquer un nouveau polar. Finalement, c’était le banquier l’assassin, m’étonne pas, tiens !
16h30 j’ai fini de lire. Un peu décevante cette histoire. Je n’ai plus rien à faire mais je m’occupe comme je peux jusqu’à une heure décente.
17h40…je décide que c’est une heure décente.

Troisième jour :
9h… Yesss ! C’est habité ! Quel bonheur de voir un visage humain à l’arrivée !
9h30 (ben oui, avant il y avait le café) je peux utiliser mon ordinateur, yesss bis !
10h je suis déçue, Monsieur Grande Gueule est en vacances, c’est trop calme ici !
12h cantine (on est en retard, va plus rester de frites !)
17h10 je pars. On est en août tout de même !

Huitième jour :
J’arrive à 10h
Je ne dis bonjour à personne dans l’ascenseur
Je me cale devant mon ordinateur et enfonce mes écouteurs dans les oreilles.
A 11h45, je meurs de faim
A 16h30 je plie bagage
Cette fois, je crois que j’ai réussi mon intégration !


Dan le tiroir de mon bureau, un lot d’agrafeuses en fonte… au cas où…





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