Il faut que je vous raconte ma dernière aventure !
Hier soir, je profitais pleinement d'un apéro avec des copains sous un pont de Paris (si si, c'est sympa, surtout quand il pleut)
Nous étions bercés par la tendre mélodie d'un saxo, le champagne coulait à flot... what else ?
Mais voilà que sournoisement, une envie naturelle m'assaille.
Là, en plein Paris, au milieu de nulle part...
Aussitôt, quelques copains dégainent leur portable:
Appli "pipi dans Paris"... ben oui, ça existe !!
Et là miracle, à deux cents mètres, l'oasis tant convoité.
Je remonte l'escalier
Je bouscule un millier de touristes
Je trépigne au feu vert
Je traverse la moitié de l'avenue
Je trépigne à nouveau (merci les feux décalés !)
J'ai le Graal en visu, je suis sauvée .... HORREUR !!!! un troupeau de Japonais attend son tour !
Je pense un instant que je ne survivrai pas, mais l'instinct primaire reprend le dessus.
Etudions la chose : un, deux, trois, quatre... dix. Ils sont dix à me narguer.
Voyons, dix secondes pour entrer, trente secondes pour "la chose", vingt pour se laver les mains, encore dix pour sortir... estimation du temps d'attente à onze minutes et quarante secondes.
J'optimise en me disant que certains vont zapper le lavage des mains.
Cependant d'autres risquent d'occuper les lieux plus longtemps.
Après de savants calculs, je me résous à patienter douze longues minutes.
Une personne sort, une autre rentre... non... mais que fait-elle ? Pourquoi laisse-t-elle la porte se refermer ?
Damned ! le lavage automatique !
A chaque passage, les lieux sont nettoyés (comprendre : "si tu restes, tu prends une douche")
Voilà qui fausse toutes mes prévisions.
Je recompte...
Les yeux rivés sur l'écran de contrôle, je tente de mesurer le cycle de lavage.
La diode jaune reste allumée longtemps après la sortie du dernier occupant, la bleue prend le relais, puis la verte enfin se décide.
Zut, je n'ai pas compté !
On recommence
Un monsieur entre dignement, fait son affaire, ressort.
Jaune, bleu, vert... impossible de chronométrer, mon cerveau est obsédé par la crainte que la lumière rouge se déclenche !
Dans la file devant moi une dame commence une gigue discrète : dandinement à droite, dandinement à gauche, petits pas sur place, assouplissement des genoux... le drame n'est pas loin.
Une autre est toute pâle.
Un couple capitule (yes !!! cent quarante secondes gagnées, sans compter le lavage)
Je me concentre sur ce drôle de vaisseau spatial. La porte s'ouvre à nouveau. Une toute jeune fille y pénètre. Elle tient son sac serré contre elle et nous jette un regard apeuré en attendant la lente fermeture du sas.
Un élan de solidarité nous pousse presque à lui souhaiter bon courage.
Enfin mon tour arrive... j'hésite vraiment à ignorer le cycle de lavage, mais un dernier soubresaut de raison m'évite la douche. Jaune, bleu... non, non, pitié, pas rouge... VERT !!!
J'entends la musique de la Guerre des Etoiles, Yan Solo en personne vient m'accueillir
Je pénètre dans l'enceinte du vaisseau. Je redresse la tête, bravant les regards envieux des pauvres gens derrière moi, qui en sont encore à faire le calcul de l'heure de leur délivrance. Pensez au lavage, les gars !
Le sas se referme lentement. Le pilote me souhaite la bienvenue et m'explique comment va se dérouler mon voyage.
Je m'étonne de ne sentir les vibrations du décollage... un modèle très sophistiqué sans doute.
Après avoir accompli ma mission, je me trouve devant un choix cornélien : petite ou grande chasse ? Au diable l'écologie, je choisis le dessin à quatre gouttes. Après tout, j'ai attendu suffisamment longtemps pour m'offrir le grand jeu !
Le pilote, d'une voix suave, me remercie alors de mon choix, m'expliquant toutefois les bienfaits de la goutte unique. Il m'indique également que je peux encore modifier mon option.
Non, je maintiens !
Je veux profiter de tout le confort de ce voyage et décide d'entamer un lavage de mains...
au savon...
ah non sans savon...
et sans eau non plus... je tilte : c'était la chasse d'eau ou le lavage de mains !
Tant pis, j'aurais pourtant tellement voulu paraitre sous mon meilleur jour lors de mon atterrissage.
La porte s'ouvre, dévoilant une foule immense venue m'acclamer, moi, première femme spationaute ayant réalisé un voyage interplanétaire dans une sanisette parisienne !
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