Je me souviens de toi à l’école primaire,
De tes dons d’inventeur, et de cet attelage
Que tu bâtis un jour avec tant de courage
Pour conquérir le monde et braver tes chimères.
C’est dans ce vieux cellier, dont la porte grinçante
M’effrayait de son bruit, tu trouvais ça si drôle,
Que tu as déniché ce grand morceau de tôle
Et ce tapis miteux qui nous servit de tente.
A l’abri de la pluie, nous écoutions l’orage
Timidement parfois nous glissions nos têtes
Sous le ciel zébré, Dieu que nous étions bêtes !
Nous rentrions bien vite évitant l’arrosage.
La terre détrempée, les bourrasques d’hiver
Remuaient les effluves de multiples épices,
De safran, de muscade, de thym et de réglisse
Embaumant nos journées et tout notre univers.
Une planche céda un matin très venteux,
Libérant une trappe et un coffre scellé.
Nous ouvrîmes la boite et, tout démantelé
Nous découvrîmes Luce, un nounours plucheux.
Succombant à son charme, nous nous mîmes en devoir
De redonner la vie à ce bel ursidé,
Transformant notre tente en clinique dédiée,
Pansant, cousant, lavant, travaillant jusqu’au soir
Dans cet élancement de joie et d’innocence
Nous avons partagé nos plus belles années.
Posé dans le berceau de mon dernier-né
Luce, notre héros, lui murmure notre enfance.
Ce petit texte est le résultat d'un exercice d'écriture qui m'imposait dix mots à utiliser.